J'ai semé tout ce que j'ai trouvé.
Même les graines de rhubarbe avec une date de péremption de 2015. Même les pépins de kumquats, que j'enfonce dans la terre à un centimètre de profondeur. Je pourrais en croquer chaque jour avec une certaine discipline, pour le parfum qu'il donne au dedans. Il y a plein de pots de terre qui s'accumulent dans la cuisine, côté nord est.
Côté sud est, le jasmin officinal dore ses nouvelles pousses vert amande au soleil, les fleurs jaunes du jasmin d'hiver se recroquevillent. J'ai bataillé avec un bec de pigeon et son oeil torve, je tiens à mes deux bourgeons de cognassier du Japon. Quand tu colles tes cils contre le feuillage, tu vois les petites veines qui les traversent. Dodus et d'un rose impudique, ils regardent le soleil s'éteindre.
Lorsque j'ai choisi cet abri parisien en 2013, je me suis dit qu'il avait des allures de vacances, malgré son côté sommaire (une seule pièce, tu vois). Il y a une baie sur un dehors habitable. On peut y regarder le ciel tout couché.
Le soir, je glisse mon museau entre les branches du lierre de la douche, ça s'emmêle. Je me dis que la nature va peut-être reprendre des droits sur ce Paris presque désert. Je me dis que nous allons peut-être devenir un rhizome à l'écoute.
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