Un jour, je t'ai serré la main.
Le moelleux est devenu gigantesque, chaud, il ressemblait à un dimanche dodu, préservé, à peau étale. Je n’ai pas réussi à retirer ma main. Tu l'a lâchée, ma main est tombée comme un oiseau mort, rebondissant sur le poing de Jehnny Beth en papier glacé de la revue tenue par d'autres mains. La gravité a posé la fin de la course, bras ballant. Un autre jour, tu as dit que nous nous connaissions. Puis, trois fois mon prénom. Quand j'étais enfant, sur le canal V.H.F., nous répétions trois fois le nom du bateau : Obsession Obsession Obsession. Il y a du rien dans cela et pourtant je voyais tout en gros plan, les cils blonds allongés sur la paupière dans la lumière du velux, le duvet de la manche en tweed, l’écartement de la couture de la poche pour contenir les deux petits livres que tu as écrit.
Je ne sais pas de quelle.s temporalité.s ou espace.s je te connais. Peut-être en occupes-tu plusieurs. Au fond, moi aussi. Et puis, il y a le garçon du centre de la terre aux yeux-soucoupe. Je ne suis pas sûre de savoir d’où je le connais non plus.
Tu as vu, l'espace se dilate avec nos mots jetés dans l'air, s'agrandit, est-ce le langage qui est vaisseau, est-ce le son qui est vaisseau ?
Et puis, elle, habite sa danse à plusieurs, personne ne sait pourquoi. L'espace-temps est malaxé devant nos yeux.
Photographier ; retenir du sable mouvant ? Avant de passer à la trappe, avant de quoi, quelle trappe, ça continue peut-être après, certain.e.s reviennent avec leurs réclamations.
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